419 Document (s)

"Panorama, c'est mettre en lumière ce qui nous unit, tantôt lumineux tantôt sombre, comme une route cabossée que l'on apprivoise. Il fallait ce temps, ces rencontres pour me retrouver et mieux vous retrouver, pour vous délivrer ce que j'avais sur le coeur, pour reprendre la route ensemble là où nous nous étions quittés mais cette fois-ci avec un regard plus large et libéré, nous permettant de pouvoir contempler ensemble et sereinement ce vaste panorama". Christophe Willem

C'est une mise à jour de son quartet du début des années 90, que révèle aujourd'hui le célèbre guitariste John Scofield, avec son premier album pour le label impulse! sous le titre très approprié Past Present. Nous le connaissions déjà avec le batteur Bill Stewart et le saxophoniste Joe Lovano ; aujourd'hui Scofield recrute le bassiste Larry Grenadier. Les neuf compositions personnelles de Scofield pour Past Present reflètent également sa philosophie du jazz : si spontanéité et instant sont des termes qui comptent pour la performance, une connaissance des racines profondes et complexes de cette musique est "essentielle", observe le guitariste. Pour un musicien avec une discographie aussi variée que la sienne, atteindre la racine du jazz est synonyme d'une canalisation du blues, comme le démontre ce titre qui ferme son nouvel album éponyme.

Dans les années 90, Dickey fut, prenant modèle sur Milford Graves, le percussionniste des combos de David S. Ware et de Matthew Shipp. Ses débuts phonographiques en tant que leader pour Aum Fidelity s'intitulent : Transonic, Life cycle jusqu'à plus récemment ce vibrant Vessel in orbit avec Shipp et Mat Maneri. Mais on l'a aussi entendu dialoguer avec le cornettiste Kirk Knuffke ou avec le regretté trompettiste Roy Campbell, via des enregistrements publiés sur le label Clean Feed. Deux sessions toutes deux en quartette (Yin et Yang !) évoquent par instants le New York Art Quartet tout en signalant le retour bienvenu du batteur de la scène Vision new-yorkaise.

2021 marque le retour de la brillante et pétillante trompettiste Lucienne Renaudin Vary avec un album hommage à l'immense compositeur Astor Piazzolla qu'elle a imaginé au cours de sa dernière tournée en Amérique du Sud. Piazzolla Stories nous plonge dans l'univers unique du compositeur argentin qui fusionna le tango, le classique et le jazz. Lucienne y reprend les standards de Piazzolla mais propose également ses interprétations d'oeuvres des compositeurs ayant inspiré le maitre du tango argentin : Nadia Boulanger, Carlos Gardel, Alberto Ginastera ou encore Bach et Paganini. Que ce soit en soliste, accompagnée par l'Orchestre Philharmonique de Monte Carlo sous la direction de Sascha Goetzel, en solo, ou avec la complicité de musiciens invités tel que l'accordéoniste Richard Galliano ou le guitariste Thibaut Garcia, Lucienne Renaudin Vary nous livre avec Piazzolla Stories un album fascinant, envoutant et dépaysant.

Pinned est le successeur très attendu du premier album culte My friend de C.A.R. (Choose Acronym Randomly), alias Chloé Raunet. Avec ce disque, la chanteuse, productrice et songwriter affine sa palette électronique lumineuse et post-punk anguleux pour nous livrer une sorte de voyage aux tréfonds de son monde intérieur, qui évoque des histoires mystérieuses sur fond de trip hop brumeux, de synth pop claustrophobe et d'électro épique. Ex-chanteuse et leader de Battant, elle a collaboré avec des références du genre comme Maceo Plex, Ivan Smagghe, Red Axes, Padded Cell ou Chloé. Son electro pop énigmatique, faite de ruptures et d'infimes détails, scintille écoute après écoute. Epaulée par le producteur Steve Osborne, elle livre 12 titres à égale distance entre immédiateté pop et innovation underground.

2018 marque les 50 ans de carrière de Jean-Michel Jarre ; cette retrospective propose de retrouver tous les tubes qui ont fait sa renommée et son succès planétaire. Grâce à de nombreux concerts hors-normes qui ont réuni des millions de spectateurs, il a démocratisé la musique électronique, longtemps restée un genre musical underground, ce qui lui vaut aujourd'hui le surnom de "Parrain de l'électro". Planet Jarre réunit 41 oeuvres dont 2 inédites et 8 rares, entièrement remastérisées, sélectionnées par l'artiste lui-même et segmentées en quatre univers : Soundscapes, Themes, Sequences et Explorations & early works, mettant ainsi en lumière les différentes approches créatives de son travail. Afin de ravir ses fans et de rester fidèle à l'esprit innovant qui l'anime, Jean-Michel Jarre a également ajouté aux coffrets Anniversary Super Deluxe Fan Edition (coffret avec 2 k7) et au quadruple vinyle une carte de téléchargement donnant accès à une sélection de morceaux mastérisés au format 5.1, pour une expérience auditive unique.

Planetarium réunit les vocalises du grand Sufjan Stevens, les beats de James McAlister, les prouesses de Bryce Dessner (The National) à la guitare et les compositions minimalistes de Nico Muhly (Björk, Antony & The Johnsons). Puisant à la fois dans le rock odyssée, l'électro expérimental et la musique classique, le concept de Planetarium se base au tour de l'univers cosmique du lyrisme de Stevens : la mythologie, l'astrologie, la science, l'astronomie et la conscience de soi. Avec un titre par planète de notre système solaire, c'est même une véritable cosmogonie que propose le quatuor. Ce passionnant projet vit le jour lorsque la salle de concert Muziekgebouw à Eindhoven commissionna Muhly pour la création d'une nouvelle pièce. Ce dernier se tourna tout naturellement vers ses trois amis et collaborateurs pour imaginer une collaboration. Après avoir esquissé sa forme et joué la pièce dans son ensemble à travers plusieurs années. Jusqu'à ce que Stevens et McAlister reprennent le travail en inversant leur processus de création et adaptant leur performance live aux contraintes du studio, retravaillant la basse symphonique de Muhly et les guitares de Dessner en y ajoutant des beats et les paroles portées par la voix de Stevens. Longtemps attendue, la sortie de ce projet pharaonique met enfin à l'honneur cette oeuvre multiple et bouleversante par son ambition et sa justesse harmonieuse. Les envolées orchestrales, le songwriting toujours sophistiqué et la richesse instrumentale de Planetarium en font un album inclassable et d'autant plus indispensable.

Formé en 2008, le groupe originaire de Copenhagen signe son premier album abrasif New Brigade, trois ans plus tard sur le label XL. Un album intense d'une vingtaine de minute qui remet à l'ordre du jour le post punk laissé pour compte jusque-là. Le groupe fait sensation, et le presse les encense dans la foulée. Deux ans plus tard, c'est sur le label Matador cette fois que sort leur second opus You're Nothing, tout autant énergique marqué par leurs guitares furieuses et les rythmes captivants de la ligne de basse. Cette année, le groupe revient avec Plowing Into The Field Of Love, sur lequel le groupe semble assagi. Privilègiant autrefois l'urgence et le chaos, on frôle ici la pop tout en gardant cet esprit new wave / post punk.

Blakeslee est peut-être davantage connu comme chanteur et guitariste de The Entrance Band ou pour ses albums solo sortis sous le nom d'Entrance, notamment avec l'épopée country-blues sortie en 2004 sur Fat Possum, Wandering stranger. En 2006 The Entrance Band sortait le culte et auto-produit Prayer of death, et plus récemment Book of changes (2017) sur Thrill Jockey. Après presque deux décennies de voyage polymorphe à travers les royaumes sombres de l'underground américain, Guy Blakeslee soulève ses interrogations sur ce disque. Enregistré à la Nouvelle Orléans, au studio du Preservation Hall Jazz Band avec l'ancien ingé son et producteur des Sonic Ranch Studios, Enrique Tena Padilla (Oh Sees, Wand) et la participation des chanteuses Lael Neale, Hale May et Rachel Fannan, et du batteur Derek James (The Entrance Band), Postcards From The Edge est électrifié par l'esprit d'expérimentation sonore et le désir ardent de tracer une carte dans un territoire inconnu.

Comédien et auteur-compositeur-interprète, Yves Uzureau se définit lui-même comme "un comédien qui chante". En 1995 il aborde le répertoire de Georges Brassens. Après une première série de spectacles au théâtre de Nesle à Paris et des prolongations pour cause de succès, il restera trois mois consécutifs à Bobino où il recueille des critiques unanimes de la part du public, de la presse et des proches de Brassens. Son spectacle Le Copain d'abord a été joué de nombreuses fois en France et à l'étranger.

Célébrer Prévert, mais en toute liberté : c'est le moindre des devoirs envers celui qui fut et demeure l'emblème d'une très libre pensée. Textes de Prévert, mais aussi inventions de Minvielle, musiques des uns et des autres, avec cette décontraction un peu foutraque qui ne suffit pas à occulter de vrais talents musicaux. Solistes inspirés et d'une très grande liberté, indiscutable charisme d'André Minvielle qui passe la rampe, même quand il ne revendique pas le premier rôle : un vrai beau moment de liberté, de poésie libertaire, et de musique.

Avec ce disque sans compromis, Pierre Lapointe affirme son goût prononcé pour la provocation douce, les mélanges éclectiques et les mélodies accrocheuses. On ne peut passer sous silence la dextérité dont il fait preuve en jouant ainsi avec les mots et les musiques. Tantôt troublant, tantôt amusant, PUNKT est un album d'une grande finesse, composé de chansons pop, oui, mais de chansons pop tordues, rigoureuses et résolument personnelles. Avec l'aide de ses amis Philippe Brault et Guido Del Fabbro, à la réalisation et aux arrangements, Pierre Lapointe en arrive à nous suggérer une expérience chansonnière totalement nouvelle et extrêmement accessible. Pierre Lapointe confirme une fois de plus l'importance de la place qu'il occupe dans le paysage musical et artistique québécois.

Les norvégiens reviennent avec leur premier album depuis 2015. Ils plongent encore cette fois-ci dans un maelström d'influences jazz, post-rock et psychédéliques. Avec une carrière qui s'étend sur trois décennies, le groupe sort ce neuvième album sur Brainfeeder, le label de Flying Lotus (Kamasi Washington, Thundercat, etc). Iconoclaste, Pyramid invente un son cosmique qui rend hommage au groupe jazz 80s Out To Lunch, mais aussi au gourou norvégien du synthé Stale Storlokken, tout en saluant les oeuvres récentes de Todd Terje, Tame Impala et Jon Hopkins. Chacune des quatre longues pièces évolue autour de mouvements brillamment construits, oeuvrant à créer une symphonie de couleurs flamboyantes.

Quand la nuit tombe marque le grand retour de Louis-Jean Cormier, le québécois continue d'impressionner avec sa pop-folk élégante et subtilement orchestrée !